Dossier : Sur et sous le patrimoine scientifique

Jusqu’à une époque très récente, les sciences et leurs institutions -au premier rang desquelles figurent les universités- ont largement laissé leurs bâtiments, laboratoires, instruments scientifiques, collections, savoirs et savoir-faire à l’écart d’un processus de patrimonialisation qui s’insinuait progressivement mais sûrement dans la plupart des activités sociales.

Et ce dans la quasi-indifférence de la société française et de ses représentants légitimes, tant nationaux que locaux. Dans ces conditions, comment conserver et valoriser non seulement les traces matérielles et immatérielles du passé récent ou plus lointain, mais encore les objets et la mémoire contemporains significatifs de la science en train de se faire ? Comment les inscrire en tant que marqueurs forts dans la culture et, au-delà, comme composants incontournables du terreau des sociétés contemporaines ?

Fort heureusement, depuis quelques années, les mentalités ont évolué, les perspectives ont changé et de nouveaux dispositifs ont vu le jour.  Aux échelles nationale, régionale et locale, des programmes ont été définis et des initiatives se sont développées, parfois en se référant plus ou moins explicitement à des initiatives étrangères présentées, à tort ou à raison, comme exemplaires (par exemple, dans le domaine des archives scientifiques, lire dans La Revue pour l’Histoire du CNRS).

Souvent il s’agit de composites mêlant, avec des dosages variables, des études et des réalisations de toutes sortes (inventaires, documentation, bases de données multimédias, mesures et pratiques de protection, expositions, conférences, collections virtuelles…), financés par plusieurs sources et conduits en dehors ou la marge des espaces muséaux. Last but not least, beaucoup associent des chercheurs, des personnels administratifs et techniques, des professionnels du patrimoine, de l’archive, des bibliothèques et de la documentation. Enfin, tous s’efforcent de « patrimonialiser en région », autrement dit, de laisser et de contextualiser les éléments matériels et immatériels dans leur contexte historique, spatial et culturel d’usage et/ou de pertinence.

Dans la plupart des cas, ce sont de véritables paris qui ont été tentés, souvent sous le regard dubitatif du monde scientifique lui-même. Et qui plus est des paris à plusieurs niveaux étroitement imbriqués : inventorier, préserver, étudier et montrer, bien sûr, mais également sensibiliser les établissements d’enseignement supérieur, les organismes de recherche, le monde de l’industrie et les collectivités publiques, inciter les chercheurs à se poser individuellement et collectivement la question des traces, les leurs et celles laissées par ceux qui les ont précédés.

Ce dossier rassemble des articles déjà publiés dans Mondes Sociaux sur le thème du patrimoine scientifique et qui, pour la plupart, renvoient à des recherches entreprises dans des laboratoires du Labex SMS (LERASS, LISST…), le plus souvent en partenariat avec les acteurs du patrimoine. Il sera enrichi au fur et à mesure de l’avancement de ces recherches.

 

SOMMAIRE DU DOSSIER

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Vous avez dit “patrimoine scientifique” ?

Robert Boure

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Le patrimoine scientifique toulousain à l’épreuve

Anne-Claire Jolivet

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Sur les traces de la vie savante à Toulouse

Nicolas Adell

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Les écritures ordinaires de la recherche

Muriel Lefebvre

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Pourquoi s’intéresser aux brouillons de la recherche ?

Muriel Lefebvre 

Crédit image à la Une : tous droits réservés Université fédérale de Toulouse et Midi-Pyrénées

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