En 2020, la consommation de vidéos sur Internet a connu une forte augmentation. Sur les plateformes de diffusion en ligne telles que Netflix, OCS ou Prime Vidéo, une part importante des séries sont désormais disponibles dans leur intégralité, dès la sortie du premier épisode. Cette disponibilité à toute épreuve fait émerger de nouvelles pratiques de visionnage. Des pratiques qui sont encouragées par l’usage croissant d’algorithmes et autres bulles de filtres, couplé aux fonctionnalités de lecture en continu. Révélatrices d’une évolution dans la réception des spectateurs, ces nouvelles expériences spectatorielles peuvent-elles amener une remise en question de la conception même des séries ?

Ces bouleversements ont amené Benjamin Campion, docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, à s’intéresser aux effets de ces nouvelles pratiques de consommations culturelles. Spécialisé dans l’écriture sérielle, il a notamment étudié l’utilisation de la nudité et du sexe dans les séries HBO.

Plus récemment, Benjamin Campion s’est intéressé à l’impact des fonctionnalités de lecture de la plateforme Netflix, sur l’écriture, la réalisation et la consommation des séries. Entre une disparition du rendez-vous télévisuel et une incitation à la consommation via différents outils, les plateformes de streaming participent désormais aux évolutions que connaissent les productions contemporaines. Il montre notamment qu’en encourageant le “binge watching”, Netflix et les autres plateformes de diffusion avec lesquelles elle est en concurrence ont permis, presque accidentellement, l’émergence d’une nouvelle forme d’écriture entre le film et la série.