Jean-Baptiste Fressoz propose de revoir l’histoire des modes de production d’énergie, non pas sous l’angle des différentes techniques qui se sont succédées dans le temps, mais sous l’angle des matières consommées.

C’est, selon lui, les flux de matières qu’il convient d’analyser pour comprendre les coûts écologiques. Or, avec cette nouvelle perspective, l’historien s’est rendu compte que les inventions successives n’ont pas permis de remplacer une matière première par une autre. Au contraire, la consommation d’énergie musculaire, de bois, de charbon, et aujourd’hui de métaux, n’a fait qu’augmenter au cours des derniers siècles. En effet, chaque technique nouvelle de production d’énergie nécessite en fait d’utiliser encore plus de matières premières déjà connues dans le passé : par exemple, la production de charbon a nécessité l’abattage d’un grand nombre de forêts pour étayer les mines. Ou encore, les mines actuelles d’uranium ou de lithium ont également besoin d’énergies fossiles pour fonctionner. Ainsi, l’électrification, si elle n’est pas menée dans une perspective d’un changement radical d’organisation de la production, n’aura pas vraisemblablement pour effet de diminuer l’émission de gaz à effet de serre. C’est donc un processus d’accumulation plutôt que de transition qu’il décrit.