De l’école aux universités, quelle place pour les femmes dans l’espace scientifique ?
Le 11 février 2025 est la 10e Journée internationale des femmes et filles de sciences. Créée par l’ONU en 2015, cette journée vise à encourager la participation des femmes à la recherche scientifique, en tant que chercheuses et en tant qu’étudiantes, à travers de nombreuses actions d’information et de médiation.
Mondes Sociaux a choisi cette occasion pour éclairer certains aspects de l’histoire de la place des femmes à l’université et dans les disciplines scientifiques.
Longtemps interdite d’accès à la moitié de l’humanité, l’institution universitaire ne s’est ouverte aux femmes que très récemment, et de manière souvent limitée. Il faut dire que l’accès des femmes aux carrières universitaires a comporté de lourdes portes successives à franchir au cours des siècles : avoir le droit de lire des livres, d’aller à l’école, de suivre des enseignements académiques, d’être inscrite à l’université, de présenter et recevoir un diplôme, d’obtenir un poste universitaire, pérenne, haut placé dans l’institution. Aujourd’hui encore, la proportion de femmes diminue à mesure que l’on monte dans la hiérarchie universitaire. Dans certaines disciplines, comme les mathématiques, la sous-féminisation est généralisée dès le début des cursus d’études.
Dans ce numéro, les travaux de quatre historiennes et d’une sociologue mettent en lumière divers mécanismes d’invisibilisation et de délégitimation des femmes dans les sciences depuis le XIXe siècle et à l’époque actuelle. Absence de reconnaissance des travaux accomplis, attribution de résultats à des collaborateurs masculins, mépris pour certains sujets ou certaines méthodes jugés non conformes aux normes de qualité construites par et pour des hommes : ces différentes pratiques, qui se déclinent dès le milieu scolaire, ont eu des répercussions sur les carrières féminines dans la recherche scientifique, mais aussi sur la manière dont on fait des sciences.
L’approche historique montre à diverses échelles (dans le monde, en France, au sein de l’université de Toulouse, en histoire) comment les carrières ont pu se construire dans ces milieux sélectifs et fermés. L’approche sociologique met en évidence les obstacles structurels qui apparaissent dès l’école. Quelles stratégies déploient les femmes scientifiques, individuellement et collectivement, pour accéder aux postes, à la reconnaissance, aux ressources ? Comment ont été remis en question certains modèles fortement ancrés de la science et de la recherche ? En quoi certaines manières de traiter les filles participent-elles à des discriminations, en faisant porter sur les individus la responsabilité de phénomènes généralisés ?
Comme pour les autres avancées sociales, ce processus vers plus d’égalité s’appuie sur des revendications, des efforts et des formes d’organisation collective des femmes qui voulaient et veulent que leur travail soit reconnu au même titre que celui des hommes. Si le monde de la recherche est davantage féminisé en 2025 qu’au début du XXe siècle, l’université est encore loin de la parité. Même dans les disciplines où les étudiantes sont majoritaires, comme les sciences humaines et sociales, les postes de prestige et de pouvoir sont principalement détenus par des chercheurs. Sans se contenter de quelques figures récurrentes de « rôles modèles » comme Marie Curie ou Ada Lovelace, il est donc crucial de parler des femmes qui ont fait les sciences hier pour réfléchir à comment mieux faire des sciences aujourd’hui. Dans ce but, les recherches en sciences humaines et sociales ont un grand rôle à jouer.
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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Odile Chatirichvili (10 février 2025). De l’école aux universités, quelle place pour les femmes dans l’espace scientifique ? Mondes Sociaux. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ad5