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Le comptage des manifestants : la guerre des chiffres

L’article 47 800 manifestants selon la machine, écrit par Émile Provendier, raconte comment des médias français ont voulu résoudre une vieille querelle : combien y a-t-il vraiment de personnes dans une manifestation ? Car à chaque mobilisation, on entend deux chiffres : celui des organisateurs, souvent élevé, et celui de la police, souvent plus bas. Pour sortir de ce débat, certains journalistes ont décidé en 2018 de faire appel à une machine : un algorithme censé compter les manifestants de façon « neutre » grâce à des caméras et de l’intelligence artificielle.

Mais cette tentative n’a pas eu le succès attendu. Car si la machine donne un chiffre précis (par exemple 47 800 manifestants le 22 mars 2018), cela ne veut pas dire que ce chiffre est accepté. Très vite, des critiques sont apparues : certains ont accusé le système de rater des groupes de manifestants, ou de ne pas être adapté aux foules qui bougent de façon désorganisée, comme les Gilets jaunes. D’autres ont pointé du doigt le manque de transparence de l’entreprise qui pilote le dispositif.


Une co-production de Mondes Sociaux et du Quai des Savoirs de Toulouse Métropole,
dans le cadre de l’exposition “Comme des moutons ?” (du 31 janvier au 2 novembre 2025)  


L’enquête d’Émile Provendier montre que produire un chiffre crédible, ce n’est pas juste une question de technologie. C’est une question de confiance : qui fait le comptage ? Avec quels outils ? Et qui peut vérifier tout ça ? Ici, les journalistes ont délégué le travail à une entreprise privée, sans y associer d’experts indépendants. Résultat : le chiffre est difficile à vérifier, et donc à légitimer.

Autre problème : la méthode choisie fonctionne seulement pour des manifestations calmes, organisées et déclarées à l’avance. Mais beaucoup de mouvements récents sont spontanés, éclatés, parfois non autorisés. La machine ne peut pas suivre. Et cela crée un décalage entre la réalité des mobilisations et la façon dont elles sont mesurées.

Au fond, cet article nous rappelle que derrière chaque chiffre, il y a des choix, des outils, des gens. Et que même quand on parle de « données objectives », il y a toujours des enjeux politiques. Pour être crédibles, les chiffres doivent être non seulement produits avec rigueur, mais aussi discutés, expliqués, et ouverts à la critique.

Fiche technique

Texte et montage : Manon Jack

Musiques : Longing – Joakim Karud / Mirage – KV / No Worries – Joakim Karud / Freshness – Novael


Illustration d’Adèle Huguet pour Mondes Sociaux : licence CC BY-NC-ND

Pour découvrir ses dessins, https://adelehuguet.wordpress.com/

Crédits images :

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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Manon Jack (16 juin 2025). Le comptage des manifestants : la guerre des chiffres. Mondes Sociaux. Consulté le 10 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/144t2


Manon Jack

Animatrice de la chaîne YouTube "Les EthnoChroniques"

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